La justice arrive.
Le passé va s’écrouler. Les monuments qu’on admirait redeviendront des tas de pierres sous le regard nouveau de l’homme, grandi par son étoile divine.
Les formes qui servaient les idéaux pompeux seront déformées sous le regard nouveau de l’homme grandi par l’idéal divin.
Tout œil verra que le temps n’est plus d’être torturé par la faim près de ceux qui pourrissent leur estomac, que le temps n’est plus d’être torturé par la soif près de ceux qui s’enivrent de boissons amères. Tout œil verra que l’équilibre tient en soi, tout œil verra l’équilibre hors de soi.
Chacun pourra poser sa tête sur l’oreiller de son cœur. Les visages seront caressés par la douceur des temps nouveaux.
Que veux-tu dire ? Je veux dire que j’ai souffert que tu n’aies pas posé le regard sur moi lorsque je te souriais. J’ai souffert que tu aies admiré les monstres de beauté, les génies sans âme, les surdoués sans douceur. J’ai souffert que tu aies souhaité les imiter, que tu aies voulu emprunter leur image pour régner à ton tour sur les pauvres âmes endormies, ignorantes de leur propre trésor. J’ai souffert que l’amour et l’amitié aient dû se cacher pour continuer d’exister. J’ai souffert que chacun ait manqué de foi en soi-même attiré par le chant des sirènes. J’ai souffert qu’on ait oublié de se battre, non contre l’esprit de la civilisation mais contre nos propres dragons, qui chaque jour, crachaient le feu sur notre simplicité d’enfant, sur nos rêves enchantés, sur nos élans spontanés.
La civilisation n’a rien fait que nous n’ayons autorisé. La civilisation c’est nous, déformés par nos désirs de grandeur déformée.
Le corps de la civilisation est celui d’une déesse dont la chair est pourrie, qui cache sa misère sous les fards et le faste.
Le cœur de la civilisation est celui des hommes qui ont perdu le sens de la compassion.
L’esprit de la civilisation est rempli de lui-même, ses yeux ne voient plus que son propre nom, sa bouche ne chante plus que son propre nom, ses oreilles n’entendent plus que son propre nom.
Mais la justice arrive, le passé va s’écrouler.
Chacun pourra dire son propre nom et celui des autres avec amitié, sans se cacher.
Les pyramides qu’on admiraient redeviendront des tas de pierres. Nous construirons des choses nouvelles autour de nous. Nous serons le centre de nos architectures qui auront la forme de nos galaxies.